« Avec l’hypnose, le sportif retrouve l’état mental de sa meilleure compétition »

Entretien avec Guy Missoum, psychologue, ancien directeur du laboratoire de Psychologie du Sport de l’INSEP, maître de conférences à Paris Ouest Nanterre la Défense. Il accompagne les sportifs de haut niveau pour préparer leurs compétitions et dépasser les moments douloureux, notamment avec l’hypnose médicale. 

Comment en êtes-vous venu à utiliser l’hypnose avec les sportifs ?

À l’INSEP, je m’occupais de la préparation mentale des sportifs de haut niveau. Il s’agit en fait de travailler sur des états modifiés de conscience. Le sportif lui-même s’y installe instinctivement, sans le savoir. Il se place mentalement dans sa prochaine compétition, ou bien il se repasse la gestuelle d’une séance d’entraînement, pour la mémoriser. Il se promène en permanence dans son passé et son futur sportifs. Nous utilisons donc des techniques qui peuvent l’y aider. Comme l’hypnose.

Comment se déroule une séance ?

Le sportif doit être dans le calme, dans une position confortable. J’utilise souvent l’image du tennisman qui vient s’asseoir sur son siège et se met en hypnose spontanée, pour montrer qu’il est possible de sortir du brouhaha, et de plonger au cœur de soi-même.

Ensuite, il s’agit de travailler l’état mental du sportif. À l’approche d’une compétition, il lui faut un état mental d’excellence, qui résulte d’un mélange très subtil de calme, de décontraction, d’énergie, et de confiance en soi. L’hypnose permet à chacun d’identifier les doses qui lui conviennent. Et de les retrouver.

Pour cela, le psychologue effectue un voyage avec le sportif pour l’aider à aller pêcher des situations dans lesquelles il s’est trouvé dans un état mental d’excellence. Il en repère les conditions, l’environnement, l’apparition, le scénario. Il s’y replonge, il re- trouve cette configuration mentale, physique, émotionnelle et psychologique. Au fur à mesure des séances, il peut s’y installer de plus en plus aisément.

Alors, le psychologue lui demande de se projeter dans sa prochaine compétition, en pensant au lieu, à la course. Puis le lien s’effectue entre l’état mental de la réussite et la prochaine compétition. Le jour J, tout en s’échauffant, le sportif, en auto-hypnose, pourra convoquer cet état mental.

L’hypnose peut s’utiliser dans tous les sports ?

Oui. Mais elle a une utilisation particulière dans la gestion de la douleur et de la souffrance, donc dans les sports qui sont les plus durs. Par exemple, pendant un 400 mètres, la dernière ligne droite provoque une douleur terrible dans le mollet et une suffocation. La performance optimale ne peut être atteinte que si le coureur parvient à oublier cette douleur. L’hypnose joue alors un rôle privilégié.

Par exemple, le coureur peut focaliser son attention sur un autre lieu, où il éprouve une sensation très positive pour la performance. Il peut laisser son corps travailler, tout en se concentrant sur une course dans un sous-bois, agréable, douce, efficace.

De même, certains marathoniens, pour les derniers kilomètres, acquièrent cette capacité à se voir courir en spectateur, à admirer cette foulée élégante qui est la leur.

Pour aller plus loin

 

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