Saviez-vous que toute le corps entier pouvait devenir érogène? Que la caresse était nécessaire à la santé? Et que le poil donnait du plaisir? Longtemps, la peau a été peu auscultée, jugée moins noble que d’autres organes et plus difficile à étudier, à la fois étendue et complexe dans son fonctionnement. Ce n’est que depuis une dizaine d’années qu’elle suscite l’intérêt chez les scientifiques. Et nous comptons bien en profiter.
1 – Toute la peau peut-elle devenir érogène?
La peau est l’organe sexuel par excellence. Freud en parlait déjà. En cause : l’ocytocine, l’hormone du plaisir, qui est libérée sous l’effet de la caresse. Ainsi le peau peut devenir tout entière érogène.
PS : il existe un Traité des caresses, écrit par le Dr Gérard Leleu, pour donner quelques idées.
2 – Pourquoi l’enfant a-t-il besoin de contact?
Les médecins connaissent l’importance du contact entre la peau du nourrisson et celle de sa mère, ou tout adulte jouant ce rôle. Un enfant qu’on ne touche pas suffisamment devient rapidement dépressif et ralentit son développement psychoaffectif. Il peut en mourir.
Il peut aussi garder de lourdes séquelles. Chez l’animal au moins, chez qui certaines expériences sont possibles. Ainsi, pour travailler sur la douleur, des scientifiques ont eu besoin de provoquer en laboratoire une hypersensibilité colique chez une souris de quelques jours. Cette hypersensibilité se traduit par un inconfort digestif récurrent. Pour obtenir ce résultat, les chercheurs ont séparé la jeune souris de sa mère, la privant de tout contact physique avec elle. En quelques jours, les douleurs abdominales se sont installées, irrémédiablement.
3 – Comment toucher permet-il de connaître?
La peau est le seul organe à être issu du même tissu embryonnaire que le cerveau dans le ventre de la mère.
C’est le premier sens qui s’installe chez l’embryon pendant la grossesse et le seul à être fonctionnel dès la naissance : l’enfant prend plaisir aux sensations tactiles alors qu’il ne voit pas et entend peu. Le cerveau se construit sur la base de ces stimulations extérieures : l’enfant touche, écrase, palpe pour faire connaissance avec ce qui l’entoure.
Et comme une caresse libère de l’ocytocine, l’hormone du plaisir, l’intérêt pour la relation est éveillé par le contact tactile. Autrement dit, le toucher procure du plaisir et engage à tisser des liens.
4 – Peut-on soigner ses organes en soignant sa peau?
La peau se fait miroir de l’âme mais aussi des autres organes. C’est l’organe de tous les organes, le seul à se trouver en relation avec tous les autres, en les enveloppant. Il est donc possible d’avoir une action sur eux en passant par la peau. Qui traite bien son enveloppe traite bien son intérieur.
Prenons l’exemple des douleurs qui viennent avec l’âge, qui peuvent articulaires et musculaires notamment. Peut-on éviter qu’elles ne s’installent ? Oui, en s’occupant de sa peau. Car avant que la douleur n’apparaisse, elle se signale comme “nociception” au corps : c’est l’alerte. La peau réagit aux pincements, aux étirements, aux brûlures, etc. Elle prévient aussi des inflammations. La nociception correspond au stade où ça ne fait pas encore mal.
Quand en revanche elle bascule dans la douleur, un cercle vicieux s’installe. L’environnement biochimique des récepteurs se modifie. Le seuil de tolérance à la douleur diminue et les cellules deviennent « hyperexcitables ». Bref, c’est l’emballement. Et en vieillissant, ça s’emballe un peu partout dans le corps. Il s’agit donc de bien traiter sa peau pour qu’elle joue son rôle d’alerte sans basculer dans la douleur. Il s’agit d’éviter que la peau devient « hyperexcitable ». Comment ? En la massant tous les jours, en la caressant, en pratiquant régulièrement des activités qui la font travailler en contact comme le yoga, le Pilates ou toutes sortes de sports.
Du choix des vêtements, plus ou moins caressant, à celui des temps d’exposition au soleil, en passant par la manière de se laver les mains, il est possible de bien traiter sa peau en prenant simplement conscience de tout ce qui vient la toucher. Il suffit de développer son attention à des gestes qui sont effectués toute la journée de manière automatique. Le bien-être ressenti au niveau de la peau n’en aura que plus d’effet sur l’ensemble du corps.
Plus encore : ce qui est valable pour les articulations et les muscles l’est également pour le cerveau. L’état de notre peau peut influencer celui de notre cerveau, et réciproquement. La peau est le seul organe du corps qui permette cet aller-retour. Le câblage neuronal entre les la peau et le cerveau est unique. Ainsi, calmer la périphérie du corps calme la tête.
5 – Faut-il arrêter de s’épiler?
On ne peut pas aborder le sujet sans parler du poil puisque c’est lui qui permet via la peau de ressentir le plaisir. Sans lui, pas de frissons. Avis aux amateurs d’épilation intégrale.
6 – La peau trahit-elle les pensées cachées?
La peau annonce comment va le corps dans son entier. A condition de savoir en observer les signes. La peau change tous les jours, mais également au cours d’une journée, en fonction du moment du cycle menstruel chez les femmes, des hormones, de l’humeur, de l’état intérieur. Elle durcit lorsqu’elle ne veut pas être touchée, s’anime pendant l’amour, devient plus douce quand elle est comblée. Autant de messages qui peuvent confirmer ou démentir les sentiments affichés.
Par Elsa Fayner