Entretien avec le Dr Chantal Wood, pédiatre, anesthésiste-réanimateur, responsable de l’Unité d’Evaluation et de Traitement de la Douleur de l’Hôpital R. Debré, à Paris. Elle accompagne ses jeunes patients à l’aide de l’hypnose médicale. Ils y sont très réceptifs étant enfants.
Les enfants sont-ils réceptifs à l’hypnose ?
Ce sont de meilleurs candidats que les adultes, car ils ont un imaginaire fabuleux. Quand on a peur ou qu’on a mal parce qu’on vient de se blesser, on n’écoute que cette partie du corps, surtout à 5 ans. Avec l’hypnose, le but de la prise en charge est donc de focaliser l’attention ailleurs. À 2 ans, c’est la tétine, ou le doudou. Je vais par exemple tirer sur le doudou, ce qui va détourner l’attention de l’enfant et lui faire oublier sa peur ou sa douleur. J’utilise aussi de la musique. Avec les plus grands, on joue à la game boy, ou aux super héros. Puis, à 10 ans, avec Harry Potter.
L’hypnose ne s’utilise avec les enfants que pour les urgences, les blessures, les douleurs aiguës ?
Non. Pour les enfants qui souffrent de douleurs chroniques (migraines, dorsalgie, lombalgies, amputations, douleurs abdominales, etc.), l’hypnose fait partie de la boîte à outils. Parmi d’autres : sport régulier, médicaments, neurostimulation transcutané…
Avec l’hypnose, on peut apprendre, dès 4 ou 5 ans, à des enfants malades, atteints de leucémie, à endormir une zone douloureuse, et à moins écouter une partie de leur corps. J’utilise par exemple le gant magique : ce gant imaginaire diminue les sensations de la main, l’enfant apprend à l’enfiler et à endormir sa main, puis à envoyer cet endormissement au coude pour une ponction, ou au dos, pour une ponction lombaire. J’emploie alors un ton permissif. Pour dire par exemple « tu peux sentir le sable chaud sur ton dos, et le placer sur ton ventre, et, déjà, ton intestin se sent beaucoup plus confortable ». C’est un apprentissage. L’enfant intègre cette technique et peut l’utiliser ensuite quand il le souhaite.
Quel conseil donneriez-vous aux parents ?
L’hypnose se manie avec précaution. Les parents doivent bien se renseigner sur le diplôme du psychologue ou du soignant.
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