Le silence : « L’ultime luxe »

Photo Hélène David / helenedavidphoto.com

Stress, surpoids ou simplement envie de se purifier, chacun sa méthode pour se sentir mieux. Pierre Morales, photographe, 45 ans, a réappris à s’écouter avec une retraite silencieuse et méditative.

Pierre n’est pas bavard et il pensait pouvoir se taire pendant dix jours sans difficulté. “J’avais envie de faire une retraite depuis longtemps, pour le dépassement que ça représente, et pour la disponibilité à soi-même que ça apporte. Je me suis renseigné sur le centre de méditation Vipassana que des copains m’avaient conseillé, j’ai vu que c’était sérieux et j’ai réservé”, raconte le paisible quadra aux allures d’adolescent.

“Ce que je n’avais pas prévu, c’était ce bavardage incessant dans ma tête. Une vraie pipelette ! J’avais envie de me dire: ‘mais ta gueule !’ “ Heureusement pour Pierre qui n’avait jamais médité, tous les jours des cours étaient dispensés pour fournir des techniques. Le photographe s’est donc mis à observer sa respiration, ses crampes, ses fous rire refoulés face aux souvenirs, ses pensées, son ennui, ses sensations. “Le but du jeu n’est pas d’obtenir le silence intérieur parfait”, raconte-t-il après deux retraites, “mais de se sentir à l’aise avec ces moments où on se saoûle soi-même, de ne les trouver ni géniaux ni horribles mais de les percevoir, de comprendre qu’ils évoluent, qu’ils passent”.

La douleur va passer. La faim va passer. Ce qui n’a pas empêché Pierre de profiter des repas, d’autant plus savoureux que “la perception est décuplée quand on mange en silence” : “on a la possibilité de se concentrer sur les saveurs, sur les mouvements les plus intimes. Je n’avais jamais prêté attention au contact de ma langue sur mon palais par exemple », se souvient Pierre, qui se tait, presque gêné de livrer autant d’intimité. “Il se passe des milliards de choses quand on médite en silence : les perceptions, les mouvements, les pensés sont plus clairs. On voit mieux les choses, les relations aux autres telles qu’elles sont.” Pas facile pourtant de prévoir dix jours pour y retourner. “Je préfère toujours aller dans les calanques”, constate le Marseillais.

Par Elsa Fayner

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