Douleur chronique : qu’est-ce qui marche vraiment?

Les ventes de médicaments opioïdes ont presque quadruplé entre 1999 et 2014 aux Etats-Unis.

Pourtant, ces traitements ne sont pas toujours efficaces contre la douleur chronique, rappelle dans son numéro de mai 2017 le magazine américain MIND, dans un article intitulé  Rethinking relief (sur abonnement). Et ils présentent des risques. En 2015, plus de la moitié des décès par overdose aux Etats-Unis est liée à la consommation d’opioïdes, qu’il s’agisse de médicaments pour lutter contre la douleur ou de substances illicites comme l’opium ou l’héroïne.

Alors, qu’est-ce qui marche vraiment?

La méditation de pleine conscience et les thérapies cognitivo-comportementales

En 2016, Daniel C. Cherkin et ses collègues du Group Health Research Institute de Seattle, ont testé trois traitements pour des douleurs chroniques du bas du dos, sur 342 personnes. Ils ont testé:

  • la méditation de pleine conscience, qui encourage la conscience sans jugement du moment présent et favorise une plus grande conscience du corps et de l’esprit,
  • les thérapies cognitivo-comportementales qui vise à changer les pensées et les comportements liées à la douleur,
  • et un traitement standard de la douleur.

Résultats : par rapport aux patients qui avaient reçu un traitement traditionnel, ceux qui avaient pratiqué la méditation de pleine conscience ou suivi une thérapie cognitivo-comportementale témoignaient d’un baisse significative de « l’ennui lié à la douleur » après 26 semaines.

L’acupuncture et le yoga

De nouvelles preuves suggèrent que l’acupuncture aide les patients souffrant de douleur chronique, dans certains cas. En 2014 notamment, une méta-analyse de 29 essais cliniques sur 18000 patients a montré que l’acupuncture traditionnelle – chinoise – a davantage soulagé les patients que les traitements sans aiguilles.

Plus récemment, le Centre national pour la santé complémentaire et intégrative (oui, ça existe, aux Etats-Unis, le NCCIH) a passé en revue plusieurs essais cliniques, pour trouver que l’acupuncture et le yoga étaient ce qui soulageait le plus les patients souffrant de douleur du dos.

La psychothérapie contre le catastrophisme

Il existe une autre raison pour laquelle un soin individualisé est pertinent pour soulager la douleur, estime MIND, car celle-ci est très liée à nos expériences passées, nos émotions, notre façon de percevoir le monde, notre état de fatigue, nos habitudes de sommeil, notre entourage, etc. Un projet appelé Collaborative Health Outcomes Information Registry (CHOIR) recense ces données pour 15000 personnes (attention vie privée!). Et ces corrélations révèlent qu’il existe un facteur qui prédit l’impact de la douleur sur la vie sociale de quelqu’un bien mieux que tout autre indicateur : c’est le catastrophisme.

Le terme désigne la tendance à exagérer et à grossir la menace de la douleur, à craindre le pire et à rester bloqué sur l’expérience douloureuse. Les patients concernés pensent avoir peu d’espoir de s’en sortir. Ils ont un désir d’autant plus grand d’échapper à la douleur par tous les moyens, et se ruent plus volontiers sur les médicaments. Constatant que ceux-ci ne leur font sur la durée que peu d’effet et que les interventions chirurgicales elles aussi échouent à les soulager, ces patients anticipent l’échec suivant.

D’où l’intérêt des psychothérapies dans ces cas-là. La première tâche d’un psychothérapeute sera d’accompagner la personne pour qu’elle retrouve un sentiment de contrôle, aussi petit soit-il. Et de l’aider à dompter ses émotions durant les pics de stress.

Les Américains, qui veulent des preuves pour tout – l’auteure de l’article est neuroscientifique -, constatent que, dans ces cas-là, un bon psychothérapeute, ça peut aider.

Pour aller plus loin

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