« J’ai sauté le pas parce que je ne voulais pas ressembler à mes potes gras et mous »

A 26 ans, Maxime décide de se doper pour la première fois. D’abord curieux, puis craintif, il raconte son parcours qui l’a conduit à gober des comprimés de stéroïdes pour aller pousser de la fonte dans la salle de muscu du son quartier.

Dessin de Carole Maurel (carolemaurel.blogspot.fr).

« Je m’appelle Maxime, j’ai 37 ans. J’ai toujours été sportif. Comme tout le monde, j’ai fait du sport à l’école puis en club. Beaucoup de foot et du handball. Quand je suis rentré dans la vie active, je n’arrivais plus à trouver le temps d’aller aux entrainements. Je me suis alors tourné vers la salle de sport. C’est le seul endroit qui est ouvert tard, tous les jours et je pouvais y aller à n’importe quelle heure. Au début, c’était juste histoire de garder la forme mais finalement, ça m’a passionné. Un peu de cardio pour l’endurance mais surtout de la musculation pour travailler chaque muscle spécifiquement.

Le Grand virage : ce moment où j’ai stagné

Comme tout le monde, à un moment, j’ai stagné. C’est le fameux niveau où je ne progressais plus. C’est le niveau où même l’alimentation, les compléments alimentaires ou l’augmentation et la variation des entrainements ne changent rien. J’ai surnommé ce moment le Grand virage. Comme pour un job, un sport ou avec une femme, si je n’évolue plus, je n’ai que deux solutions : arrêter ou changer de façon de faire. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à me renseigner sur le dopage. J’avais 26 ans.

Au début, je ne savais même pas ce qui était accessible aux amateurs. Je pensais vraiment qu’il y avait que les pros qui pouvaient avoir facilement des produits. Je n’y connaissais rien. Dans un premier temps, j’ai regardé sur internet. Les premières infos m’ont fait peur. Les effets secondaires, les problèmes de produits frelatés, les risques de prison… J’avais beaucoup de craintes. Les produits venaient d’un marché parallèle, illégal. J’étais conscient des conséquences que cela pouvait entrainer.

Des produits de contrefaçon et un service client personnalisé

Tomber sur des produits de contrefaçon ou de mauvaise qualité était mon plus grand frein. Je ne voulais pas me faire avoir. Mais, plus je me renseignais et plus je me rendais compte que je pouvais avoir accès à des produits dopants comme les stéroïdes anabolisants. Je suis tombé sur des blogs très intéressants et complets, des forums excellents avec des journaux de cures d’utilisateurs, une section médicale ainsi qu’une liste de sites d’achat approuvée par les utilisateurs. Je n’étais pas encore convaincu de passer à l’acte mais cela m’a décidé à traîner sur les sites de vente.

Là, j’ai été surpris de voir la facilité avec laquelle on pouvait trouver des produits sur Internet. De pouvoir en commander comme si on achetait un t-shirt. C’est aussi simple. J’ai aussi était très surpris du niveau de professionnalisme des sites. J’ai l’habitude de commander sur internet, et j’ai trouvé le conseil, le service client et le suivi beaucoup plus sérieux que les sites de ventes de produits légaux. Certains ont même un chat direct pour discuter avec des experts qui conseillent pour que la cure se passe le mieux possible.

Je pensais ne connaître aucun utilisateur dans mon entourage

Naïvement, je pensais ne connaître aucun utilisateur dans mon entourage. Mais, à force d’en apprendre sur le sujet, j’ai compris comment le physique évoluait sous stéroïdes et j’ai remarqué ces effets sur quelques
personnes de ma salle de sport. Dans ce milieu, les gens sont méfiants. Il faut montrer qu’on s’y connaît un peu et que ça intéresse avant que les utilisateurs confirmés échangent l’info la plus importante : les sources fiables. Beaucoup plus confiant après en avoir parlé avec eux, je me suis lancé.

J’ai sauté le pas parce que j’en avais marre de ma phase de stagnation. Ça avait cassé ma motivation et je préférais rester devant la TV plutôt que de pousser de la fonte, mais je ne me sentais pas bien. J’ai sauté le pas parce que je ne voulais pas ressembler à mes potes, gras et mous. »

Propos recueillis par Garance Renac

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